
Les jalousies
La jalousie est un affect. Largement documentée, en sciences humaines comme dans la littérature, elle concerne tout un chacun, se manifestant selon un contexte particulier ou indépendamment de ce dernier. En psychopathologie, on notifie trois types de jalousies. La jalousie dite normale, la jalousie projetée et la jalousie délirante.
La jalousie dite normale, se présente comme un affect survenant à l’idée que l’objet d’amour soit perdu, associant une hostilité envers un autre ainsi qu’une auto-critique vis-à-vis de sa propre responsabilité à l’objet perdu. Lorsque l’on évoque la jalousie, on évoque l’amour sous toutes ses formes, tant amoureux, qu’amical, filial ou fraternel [1] (Noé, A. 2009).
L’imagination, productrice de scénarios souvent douloureux, crée ce que l’on pourrait appeler une boucle entre la réalité vraie et la perception de cette même réalité. Le regard sur son propre ressenti face à la situation permet généralement un recul relatif à cet affect. Dire qu’elle est une jalousie normale n’enlève en rien le caractère parfois intense de l’éprouvé.
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La jalousie projetée, globalement, est l’idée d’imputer à l’autre des désirs, alors que ceux-là proviennent de ses propres tentations inavouées (Assoun. P.-L. 2011)[2].
La jalousie délirante, en sémiologie psychiatrique, est une forme de délire passionnel. On dit de cette forme délirante qu’elle est systématisée, c’est-à-dire à priori cohérente pour celui qui la vit (Ey, H. 1960)[3].
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En dehors de ces catégorisations bien strictes, nous pouvons dire qu'un moment court ou long de vécu de jalousie peut comprendre différentes variations d'état, et donc naviguer sous plusieurs formes. En psychothérapie, ce qui est questionné, ça n'est pas l'aspect sémiologique (classification pathologique) du trouble, mais ce que le ressenti apporte dans sa propre vie.
[1] Noé. A (2009). La jalousie. Actualités en analyse transactionnelle, N°132(4), 25-39.
[2] Assoun, P.-L. (2011). La jalousie. Paris, Ed. Economica, 2014
[3] Ey, H., Bernard, P., Breisset, C. (1960). Manuel de psychiatrie. Paris, Masson, 1989.